Rimatara est la dernière île habitée des Australes indemne de rat noir.

Ultime refuge du 'ura et du oroma'o

La colonisation de cette île par le rat noir signifierait à plus ou moins court terme l’extinction de l’unique population présente en Polynésie française de ‘ura ou Lori de Kuhl (Vini kuhlii), endémique de Polynésie orientale et une diminution certaine des effectifs du oroma’o ou Rousserolle de Rimatara (Acrocephalus rimatarae), une espèce endémique présente uniquement sur cette île.
Outre leur importance patrimoniale, ces oiseaux ont une importance éco-touristique majeure pour le développement de Rimatara

Le rat noir, un danger à plusieurs titres

L’invasion du rat noir sur Rimatara aurait également un impact majeur sur les cultures car le rat noir, très arboricole, provoque des dégâts importants dans les cocoteraies et sur les fruits. Dans les îles où l’impact du rat noir a été étudié, les pertes en coprah varient de 20 à 80 % de la récolte, et peuvent s’élever à 90 % à basse altitude et en période de sécheresse.

Chez l’homme, le rat noir un des vecteurs de la leptospirose. Il est particulièrement dangereux car il n’a pas peur de pénétrer dans les maisons. Cette maladie est très difficile à différencier d’une dengue ou d’une grippe, pourtant elle est potentiellement mortelle si des antibiotiques ne sont pas prescrits au plus vite. Chaque année de nombreuses victimes sont à déplorer sur les îles infestées.

Nos actions

C’est un patenté, dont l’action est encadrée au niveau local par un groupe de gestion participative et un ‘parrain’, qui fait la plupart des actions qui sont décrites ici. La SOP l’a formé et suit l’évolution de son travail par des visites qu’elle effectue deux fois par an sur ces îles.

Tiraha Mooroa (à droite), est en charge de la biosécurisation de Rimatara. Etera (à gauche) l’aide parfois.

Pour prévenir l’arrivée du rat noir sur les quais de Rimatara, un cordon de stations contenant du raticide a été déployé. Le patenté renouvelle le poison dans les stations régulièrement et sensibilise la population pour éviter que ces stations ne soient détruites.

A chaque passage du Tuhaa Pae, les colis sont inspectés un à un pour vérifier qu’ils ne contiennent pas de rat. Le rôle du patenté est de rejeter ceux qui présentent des risques.

Certains colis sont difficiles à inspecter (voitures, parpaings, tuyaux, sacs de coprah usagés…) mais peuvent renfermer des rats. L’idée est de les enfermer une semaine dans des locaux fermés contenant des stations équipées de raticide afin que, s’ils contiennent des rats, ces derniers s’empoisonnent avant qu’ils ne soient dispersés sur l’île. Ce dispositif permettrait également d’envisager un traitement contre la petite fourmi de feu, très nocive pour l’avifaune et les plantations, qui pourraient arriver prochainement puisque Tahiti est désormais infestée et qu’aucun traitement phytosanitaire de ces objets n’est apparemment pratiqué. Lors d’un porte à porte l’avis de la population a été demandé à 381 habitants de l’îles et 379 d’entre eux se sont déclarés favorables à cette quarantaine. Le conseil municipal a voté pour à l’unanimité. L’Équipement a accepté que le hangar placé sur les quais soit sous la responsabilité de la commune à des fins de quarantaines, mais cette décision doit passer en conseil des ministres. Le Haut Commissariat nous appuie actuellement pour mettre en place un cadre légal à cette quarantaine. Des conventions sont en préparation.

Photo 1 : Petit Rat polynésien, on voit distinctement sur sa patte arrière une ligne noire au niveau du tarse présente uniquement sur cette espèce.

Photo 2 : Les rats norvégiens sont également présents sur Rimatara, ce sont des gros rats, mais contrairement aux rats noirs la queue, une fois rabattue sur le corps, ne dépasse pas la longueur du corps, et les oreilles, si elles sont rabattues sur les yeux, n’atteignent pas ces derniers. Rats polynésiens et rats norvégiens ne causent pas l’extinction des Vini sp car ils sont moins arboricoles que les rats noirs.

Photo 3 : On voit que la queue dépasse le corps, c’est donc bien un rat noir

Lori de Kuhl

La SOP est en train de former un guide, Tiraha Mooroa, pour mettre en valeur cette richesse ainsi qu’une visibilité sur internet pour promouvoir ces destinations. Visitez la section “Visites ornithologiques” pour plus d’informations.

Des réunions du Groupe de Gestion Participative sont tenues deux fois par an.

Des présentations du projet ont déjà eu lieu dans toutes les écoles de l’île, en tout devant une centaine d’écoliers.

ont été édités afin de sensibiliser les équipages des bateaux desservant ces îles.

Une formation des équipages est prévue pour améliorer la sécurité sur les bateaux :

  • dispositifs anti-rongeurs à bord ;
  • chambre ou containers équipés de répulsifs anti-rongeurs, de stations contenant du raticide en permanence et réservées aux marchandises pour Rimatara ;
  • gardes-rats fournis pour éviter que des rats ne montent à bord la nuit dans les îles infestées.

Nos résultats

Pour l’instant aucun rat noir n’a été piégé sur Rimatara.

Nos financeurs, mécènes et sponsors

Ce projet est réalisé grâce à des financements du BEST (Union Européenne) et du CEPF (Critical Ecosystem Partnership Fund). Il a également été financé par une bourse TE ME UM en 2013 dont le COPIL est constitué de 17 membres: RNF, WWF, Comité français de l’UICN, Aten, PNF, LPO, ONF, Conservatoire du littoral, Fondation Nicolas Hulot, FPNRF, ONCFS, FCEN, AAMP, Rivages de France, FCBN, MEDDE et MOM.

Nos soutiens

Ce travail est réalisé avec le Soutien de la Commune de Rimatara, de la DIREN, du SDR, du Service de l’Equipement et du PII (Pacifique Invasive Initiative).

Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui s’y impliquent, notamment celles qui font désormais partie du Groupe de Gestion Participative ainsi que la population locale pour son accueil du projet.