Ua Huka est la dernière île habitée des Marquises encore indemne de rat noir, et son arrivée signifierait l’extinction du pihiti ou Lori ultramarin (Vini ultramarina) et du pati’oti’o ou Monarque Iphis (Pomarea iphis)
Ultime refuge du pihiti et du pati'oti'o
Ces deux espèces endémiques sont présentes uniquement sur cette île, sachant dans le cas du pihiti que l’espèce est désormais éteinte sur Nuku Hiva, Ua Pou, Hiva Oa, Tahuata et Fatu Hiva (où elle avait été introduite dans les années 90) et que la première cause de disparition des Monarchidés est le rat noir.
Outre leur importance patrimoniale, ces oiseaux ont une importance éco-touristique majeure pour le développement de Ua Huka.
Le rat noir, un danger à plusieurs titres
L’invasion du rat noir sur Ua Huka aurait également un impact majeur sur les cultures. Le rat noir, très arboricole provoque des dégâts importants dans les cocoteraies et sur les fruits. Les rats noirs percent les noix qui tombent dans les 15 jours qui suivent cette perforation. Dans les îles où leur impact a été étudié, ils se sont révélés être à l’origine de la perte de 50 % des noix en moyenne, ce qui représenterait une perte de 14.3 millions de francs pacifiques par an pour Ua Huka si ce rat colonisait l’île.
Le rat noir a une queue plus longue que le corps.
Chez l’homme, le rat noir un des vecteurs de la leptospirose. Il est particulièrement dangereux car il n’a pas peur de pénétrer dans les maisons. Cette maladie est très difficile à différencier d’une dengue ou d’une grippe, pourtant elle est potentiellement mortelle si des antibiotiques ne sont pas prescrits au plus vite. Chaque année de nombreuses victimes sont à déplorer sur les îles infestées.
Nos actions
C’est un patenté, dont l’action est encadrée au niveau local par un groupe de gestion participative et un ‘parrain’, qui fait la plupart des actions qui sont décrites ici. La SOP l’a formé et suit l’évolution de son travail par des visites qu’elle effectue deux fois par an sur ces îles.
Photo: Geoffray Sulpice en formation de piégeage des rongeurs
Sa soeur, Hinapootu Sulpice, l’aide formidablement dans cette action.
Certains colis trop volumineux et creux peuvent renfermer des rats. Les tuyaux, les voitures, les parpaings et les sacs de coprah usagés sont par nature dangereux. L’idée est de les enfermer une semaine dans des locaux fermés contenant un raticide afin que, s’ils contiennent des rats, ces derniers s’empoisonnent avant qu’ils ne soient dispersés sur l’île. Ce dispositif permet également d’envisager un traitement contre la petite fourmi de feu, très nocive pour l’avifaune et les plantations, et qui pourrait arriver prochainement puisque Tahiti est désormais infestée. 320 adultes sur Ua Huka sont favorables à cette quarantaine qui a déjà commencé
Photo 1 : Petit Rat polynésien, on voit distinctement sur sa patte arrière une ligne noire au niveau du tarse présente uniquement sur cette espèce.
Photo 2 : Les rats norvégiens sont également présents sur Rimatara, ce sont des gros rats, mais contrairement aux rats noirs la queue, une fois rabattue sur le corps, ne dépasse pas la longueur du corps, et les oreilles, si elles sont rabattues sur les yeux, n’atteignent pas ces derniers. Rats polynésiens et rats norvégiens ne causent pas l’extinction des Vini sp car ils sont moins arboricoles que les rats noirs.
Photo 3 : On voit que la queue dépasse le corps, c’est donc bien un rat noir
Le sujet tiens à cœur les habitants de Ua Huka puisqu’en quatre séjours plus de 400 adultes ont été sensibilisés à cette problématique et qu’un Groupe de Gestion Participative a déjà tenu quatre réunions sur l’île depuis 2012. Une association va même prendre progressivement le relais de la SOP pour la biosécurisation de l’île !
Pour améliorer la sécurité sur les bateaux, la SOP a proposé à l’Aranui III et au Taporo IX plusieurs actions pour diminuer le risque que des rats débarquent sur Ua Huka avec les marchandises des bateaux :
- des dispositifs anti-rongeurs pour mettre sur les quais ;
- la pose de garde-rats la nuit à quai pour prévenir l’arrivée des rats à bord ;
- la pose de 4 stations de raticide près des marchandises pour Ua Huka et le renouveau du poison dans ces stations tout les mois (après un mois, le raticide n’est plus efficace) ;
- une formation du personnel à bord sur la biosécurité.
La SOP, grâce à ses financeurs à offert à ces interlocuteurs des diffuseurs anti-rongeurs, des gardes-rats et des affiches. Le projet suit son cours et les goélettes jouent le jeux, même si la mise en place de toute ces mesures prend du temps.
Des contacts ont été établis avec ces deux interlocuteurs
Afin de diminuer les quantités de rongeurs présents sur les quais de Papeete, surtout près des bateaux desservants ces îles : Le Taporo IX et l’Aranui III trois solutions ont été envisagées avec le Port Autonome de Papeete :
- l’utilisation de diffuseurs anti-rongeurs ;
- la mise en place d’un réseau de stations approvisionnées en raticide tout les mois sur les quais
- la synchronisation et le contrôle des traitements anti-rongeurs par tous les usagers du port
Au niveau de l’huilerie de Tahiti, des diffuseurs anti-rongeurs ont été disposés dans la pièce où les sacs de coprah usagés sont stockés.
Nos résultats
Pour l’instant aucun rat noir n’a été piégé sur Ua Huka et l’émission ‘Des racines et des ailes’ est même venue filmer nos actions sur Ua Huka !
Avancée de la chaine de Biosécurisation en juin 2013
Nos financeurs, mécènes et sponsors
Ce projet est réalisé grâce à des financements du BEST (Union Européenne) et du CEPF (Critical Ecosystem Partnership Fund); Il est également financé par une bourse TE ME UM en 2013 dont le COPIL est constitué de 17 membres: RNF, WWF, Comité français de l’UICN, Aten, PNF, LPO, ONF, Conservatoire du littoral, Fondation Nicolas Hulot, FPNRF, ONCFS, FCEN, AAMP, Rivages de France, FCBN, MEDDE et MOM.
Nos soutiens
Ce travail est réalisé avec le soutien de la DIREN, de la Commune de Ua Huka et du PII (Pacifique Invasive Initiative). Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui s’y impliquent, notamment celles qui font désormais parties du Groupe de Gestion Participative ainsi que la population locale pour son accueil du projet.